Les Douze Travaux d’Astérix, Lucky Luke ou encore Titeuf, nombreux sont les films d’animation français qui égayèrent notre enfance. Berceau du cinéma d’animation, le pays des Lumières est aujourd’hui le 3e producteur de dessins animés au monde. Mais, saviez-vous que les premiers films d’animation français furent non pas destinés aux salles de cinéma, mais à la pub ?!

© Le Puits Animé

Emile Cohl, père du dessin animé

2 dessins de visages grimaçants
© The Public Domain Review
Humorous Phases of Funny Faces (1906), J. Stuart Blackton

En 1896, soit un an après l’invention du cinématographe par les frères Lumière, Georges Méliès découvre le principe d’arrêt caméra. Ce procédé permettait de faire apparaître et disparaître n’importe quel objet ou personne de l’écran : c’est la naissance des effets spéciaux.

Curieux, le Britannique James Stuart Blackton se réapproprie cette technique en l’appliquant au dessin. Ainsi, en 1906, il réalise son court-métrage Humorous Phases of Funny Faces, dans lequel des visages dessinés à la craie effectuent une multitude de grimaces.

Clown de Fantasmagorie
© La Nouvelle Dimension
Fantasmagorie (1908), E. Cohl

Les essais de Stuart Blackton intéressent énormément Léon Gaumont. Il souhaite produire de tels films, mais cette fois-ci en y racontant une histoire ! De cette façon, c’est dans les studios Gaumont qu’Émile Cohl réalise Fantasmagorie (1908), un chef-d’œuvre d’humour fantaisiste et poétique retraçant l’histoire d’un clown évoluant dans un monde où tout devient possible. Un art nouveau voit alors le jour : le dessin animé.

L’entre-deux-guerres ou l’âge d’or de la publicité animée

Après la Première Guerre mondiale, le dessin animé en France est essentiellement publicitaire et de propagande.

Suivant les pas de Cohl, l’artiste Marius O’Galop, créateur du Bibendum Michelin, réalise des films de propagande sanitaire sur les méfaits de l’alcoolisme, de la tuberculose et de la syphilis, tel que Petites causes, grands effets (1912).

Petit à petit, les artistes se tournent uniquement vers la publicité, devenant le seul moyen de financer leurs activités. Ainsi, en 1916 à Montrouge, Robert Lortac crée le studio Lortac, le premier studio d’animation d’Europe. Avec ses collaborateurs, il y anime : Monsieur Pressé pour Citroën, le caviste Nectar pour les vins Nicolas, la pub Jaz, les méfaits d’un mauvais réveil (1924) ou encore Cadum, l’amour et la barbe (1939).

Entre 1921 et 1923, Lortac va jusqu’à créer la première série d’animation française : Le Canard en ciné, inspiré du Canard enchaîné. Chaque numéro est réalisé avec des papiers découpés rappelant le dessin de presse. Les propos tenus évoquent les mœurs de la société contemporaine de façon satirique, comme la crise du logement, représentée à travers l’inflation du loyer des cases africaines.

© Jaz le bon temps
Jaz, les méfaits d’un mauvais réveil (1924), R. Lortac et L. Mallet

Arrivée dans les salles de cinéma et sur la scène internationale

Dès 1923, certains dessinateurs s’inspirent du succès des productions Disney et tentent de s’aventurer dans l’animation de films « de spectacle », consacrées aux salles de cinéma ! Malheureusement par manque de financement et de transmission du savoir-faire, l’artisanat français reste fragile.

Le Petit Soldat et le méchant diable
© Tamasa Distribution
Le Petit Soldat (1949), P. Grimault

Ce n’est que durant la Seconde Guerre mondiale, à la suite de l’interdiction des films américains par le régime de Vichy, que l’Etat français décide de soutenir et de promouvoir la création d’un cinéma d’animation français.

C’est alors que le studio d’animation Les Gémeaux, fondé par Paul Grimault, se relance dans la production de films de « spectacle ». En 1949, il signe le premier pas du cinéma d’animation français vers la renommée internationale avec Le Petit Soldat, en collaboration avec l’auteur Jacques Prévert. Le court-métrage met en scène des jouets tout en évoquant la violence de la guerre et en prônant le pacifisme.

L’œuvre obtient le premier prix du Festival de Venise, ex æquo avec Melody Time de Disney !

Ces œuvres ont mis en place les bases du cinéma d’animation français : un intérêt pour le graphisme, un art de publicité autant que de spectacle.

Marine KLEIN

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